Non, je ne suis pas dévastée.
Comment pourrais-je l’être ?
100 % de mes ovocytes ont été fécondés… Le miracle s’est donc déjà produit.
C’est la première fois en quatre ans (depuis notre désir d’enfant donc) que je réussis à 100 % une étape liée à notre projet de parentalité.
C’est un miracle en soi, donc non, je ne suis pas dévastée.
Je n’ai pas à l’être.
J’ai des raisons d’être triste de ne pas parvenir à être enceinte et/ou à mener à terme mes grossesses, mais je n’ai pas de raison d’être dévastée de cette prise de sang négative pour cette FIV-là.
Ces fécondations étaient inespérées. On m’a ponctionné deux ovocytes (pour info, la moyenne = une bonne dizaine !) et c’est énorme (pour moi).
Ces deux ovocytes m’ont comblée… Ils ont été fécondés.
Je repense au coup de fil de la laborantine ce fameux 18 janvier à 9h13 précises, celui du lendemain de la ponction, de la veille du transfert… Cette conversation de 52 secondes qui m’a fait pleurer de bonheur quand j’ai appris que mes deux ovocytes avaient été fécondés et que nos embryons pouvaient être transférés le lendemain, à J2.
Nos gamètes se sont mélangés et aimés pour donner deux beaux embryons qui n’ont, pour des raisons que nul ne sait et ne saura -ni même Number 4-, pas voulu continuer leur évolution.
Ils n’ont pas trouvé leur nid que constitue mon utérus, suffisamment accueillant…
Je suis en insuffisance ovarienne. Elle est sévère, la mienne. Et même les « dinosaures » de la blogosphère, celles qui galèrent depuis de nombreuses années (elles se reconnaîtront) parviennent, avec des stimulations à doses de cheval, à obtenir plusieurs ovocytes.
Moi, deux, c’est mon maximum. Et deux, c’est juste ENORME.
Le miracle s’est donc déjà produit. Faudrait pas en demander trop non plus, hein…
Sept cycles de stimulation (IAC et FIV confondues). Et un transfert de deux embryons.
Et je suis reconnaissante à la vie.
Notre combat est loin d’être fini.
Et ceux (pas vous, mes lectrices, hein) qui penseraient que c’est de l’acharnement, je dirais d’aller voir ailleurs si j’y suis…
J’ignore si nous y arriverons mais seul le combat augmentera nos chances de réussite… (ou pas… mais ça, seule l’expérience nous le dira). Nous ne le saurons qu’après avoir tenté ce que la médecine peut encore nous offrir.
En attendant, je ne regrette rien et ne m’écroule pas parce que je pense avoir tout « bien » fait. Quelques exemples :
- Juste après le transfert (un samedi), nous sommes rentrés et je suis restée allongée toute la journée ainsi que le tout lendemain (et pour moi qui ai la bougeotte, autant dire que c’est exploit !).
- Je n’ai, pendant les 12 jours qui ont suivi ce transfert, fait aucun geste brusque, pas de sport, rien (j’ai même évité un maximum de me baisser…).
- J’ai scrupuleusement pris mes 17 (oui, dix-sept !!!) comprimés tous les jours par les deux voix (orales ET vaginales) et j’ai le vagin en feu puisque je suis allergique à toute forme de progestérone !
- Endomètre épaissi, vascularisation au top, manque de progestérone pallié, déficit en oestradiol comblé, prise de cortisone pour réguler le tout, vitamines en tout genre ingurgitées… Résultat des courses : je ressemble à un ballon gonflable sans même être ne serait-ce qu’enceinte de 2 semaines…
- Mon homme a été aux petits soins tout le temps (petits-déjeuners au lit, préparation des repas).
- J’ai dormi, dormi, dormi… autant que possible.
- J’ai vécu au ralenti pendant 12 jours, avec la réelle sensation de marcher à chaque instant sur des oeufs…
- J’ai sagement écouté mon homme et ne suis même pas allée manifester dimanche (attraper froid ou se prendre un coup dans le bide étant le risque).
- J’ai fait de l’hypnose tous les jours (3… 2… 1… se détennnnnndre…). Mais je dois être trop cartésienne…
- J’ai fait exactement comme si j’étais enceinte (et croyez-moi, faire comme si on était enceinte 12 jours durant, sans l’être, c’est pas évident !).
Bref, j’ai fait mon maximum et pour une fois, je ne culpabilise pas.
Je n’y suis pour rien. Ca n’a pas pris. La nature est ainsi faite. C’est tout.
Oui, c’est triste. Je reste triste, déçue.
Mais je ne suis pas dévastée.
Et puis…
Vivre avec la peur continuelle d’un arrêt imminent de grossesse à tout instant pendant au moins les trois premiers mois…
Et puis…
Risquer de faire, pour la troisième fois, une fausse couche…
Et puis…
Bref.
Là, je suis triste… Mais, « tranquille »… Jusque… mi-mars…
PS 1 : Et toi, ma copine de chambre du jour de la ponction, je n’ai aucun moyen de te joindre mais tu m’avais dit que tu me lisais… Alors… Peut-être, as-tu une heureuse nouvelle à m’annoncer ?
PS 2 : Ce billet, bien que daté et publié ce jour, a été rédigé bien avant de faire ma prise de sang, il y a plusieurs jours donc… Je savais, je sentais…