Doutes, craintes, peurs…
Je n’arrive plus à écrire.
Je ne veux plus (m’)investir autant dans ce combat pour la vie.
J’ai peur de l’échec.
Je n’ose plus compter les cycles d’essai.
Je sais que j’approche les 60.
Je n’ose imaginer une 4ème FC.
On dit qu’aucune tentative ne se ressemble.
Les miennes, si. Avec au choix :
- ponction blanche,
- transfert annulé,
- jamais aucun TEC,
- jamais aucun blasto,
- BHCG – – -,
- BHCG + + + mais grossesse non évolutive.
Au “mieux”, une prise de sang +++ donc, mais qui finit par une FC…
La petite PMette deviendra dinosaure
Lorsque nous avons appris mon insuffisance ovarienne, il n’était pas question d’envisager le don de gamètes. C’était bien trop tôt.
D’ailleurs, j’ignorais même ce que “don d’ovocytes” voulait dire.
Certes, j’avais déjà entendu parler de don de sperme, mais mes connaissances en terme de don de gamètes n’allaient pas plus loin.
Du reste, ni mon homme ni moi ne savions faire la différence entre follicule et ovocyte !
Et je disais même “échographe” pour désigner l’échographiste. C’est dire…
Aujourd’hui, je suis capable d’interpréter n’importe quel dosage hormonal de J2 à J14, de donner un sens à n’importe quelle échographie (et ce, même quand les follicules sont, comme les miens, très discrets!), de décrire et définir la forme de l’endomètre…
Un dinosaure de la PMA, vous dis-je.
De la PMA en France, en tout cas.
Maintenant, j’ attaque à l’international 😉
La sagesse vient de ce que l’on vit et donc de l’expérience…
J’ai appris qu’en essuyant les échecs, on devient plus fort et sûrement aussi plus raisonnable, plus sage…
On accepte. On se fait à l’idée. On chemine. On avance.
Accepter mon infertilité et donc tirer un trait sur le bébé-couette aura été le plus douloureux renoncement. Je n’oublierai d’ailleurs jamais ma vive réaction à l’annonce de cette terrible nouvelle par ma gynéco de ville.
C’était il y a presque 3 ans, le 15 mars 2011 précisément (ah la mémoire des dates chez Lulu, c’est quelque chose !). Et à l’époque, nous avions déjà plus d’un an et demi d’essai “sérieux” à notre actif…. Le calcul est “simple”. A ce jour :
- nous sommes à 4 ans et demi d’essai… J’avais pas dit que j’arrêtais de compter… ? ;
- nous n’avons toujours pas la certitude qu’un jour nous serons parents ;
- mais nous envisageons l’avenir plus sereinement qu’avant (et pourtant, la situation “médicale” a empiré). Tout est donc question de positionnement…
Ce qui a changé
… Ce qui m’amène à dire que nous sommes dans l’acceptation. Nous nous préparons aussi à un avenir à deux.
Comment se prépare-t-on à ce qui nous terrorise ? Je ne sais pas… Disons qu’on y pense.
C’est dire si j’ai changé, évolué… Quand je vous dis que tout est question de positionnement dans la vie.
Ça paraît simple. Et à y réfléchir, ça l’est.
Mais il fallait en passer par là.
A l’époque, j’aurais mille fois préféré apprendre que l’infertilité provenait de mon homme.
Aujourd’hui, je pense tout le contraire (j’en parlerai bientôt, tiens… ça vaut bien un billet !).
Et une belle rencontre
Ces dernières années ont été marquées de beaucoup de souffrance, disais-je… Mais dans notre malheur (malheur “PMesque”, hein !), nous avons rencontré notre 4ème gynécologue, à savoir un Number 4 mer-veil-leux (beau… intelligent… aussi… accessoirement… arffff, ça me reprend…) qui nous a, quand même, acceptés en FIV.
De toute façon, il n’avait pas le choix. Je me souviens m’être écroulée dans son cabinet :
“Je vous en supplie, Docteur, donnez-nous une chance d’aller en FIV, je vous en supplie !”.
J’avais déjà un dossier PMA bien garni.
Pour lui faciliter la tâche et l’aider à y voir plus clair dans la surabondance des analyses, et afin d’éviter une consultation de 4 heures, j’avais au préalable pris soin de lui préparer une “fiche récapitulative” du parcours, des traitements, résultats… avec toutes les dates clés.
Fallait le faire pour nous accepter en FIV avec une réserve ovarienne affaissée comme la mienne (un maximum de 2 ovocytes à la ponction, la reine de la loose je vous dis) !
Mais cette fichue IO que je vivais comme la pire chose qui me soit arrivée, aujourd’hui, n’est rien (puisqu’il y a le don qui remédie à l’insuffisance ovarienne et/ou à la ménopause précoce) comparée à la peur d’une récidive de FC du fait de mes NK.
Echec 1 + échec 2 + échec 3 + échec 4… + échec 10 = le renoncement et l’acceptation
Je dois avouer que ce sont tous ces échecs qui finalement, mis bout à bout, m’ont “aidée” à faire mon deuil de l’enfant génétique.
Avec le recul et aussi étrange que cela puisse paraître, je peux aujourd’hui dire que je suis “heureuse” -avec plein de guillemets- d’avoir pris des coups de poings en plein visage. Je ne serais pas celle que je suis si je n’avais pas vécu tous ces échecs à toutes ces étapes.
Les blessures physiques mais surtout de l’âme ont eu le temps de cicatriser…
Je n’ai pas attendu que Number 4 me parle de don d’ovocytes pour me décider.
Notre histoire, mon cheminement, ma réflexion personnelle, mes lectures surtout y sont pour beaucoup et puis, bien sûr, vous autres qui êtes passées par le don avant moi et pour qui c’est une évidence…
C’est mon homme qui, par sa patience, m’aura fait prendre conscience de ceci : les gènes, on s’en contrebalance et l’important est/sera dans tout le reste !
Effectivement, je n’ai que faire du génétique. Là n’est pas l’essentiel.
L’essentiel est dans « tout le reste » et ce « tout le reste » est ENORME. Il est aussi dans les épreuves que nous avons/aurons traversées mon homme et moi, que ce soit pour concrétiser notre rêve ou pas.
L’essentiel est dans notre enfant à venir.
L’essentiel est partout ailleurs, mais PAS dans un patrimoine génétique.
L’important, c’est nous et ce que nous ferons de notre vie à 2… ou à 3… -je n’ose pas écrire 4-.
Un possible 11ème autre échec ?
Il faut pouvoir l’envisager. Et dans ce rôle, je suis fortiche ! J’envisage toujours les échecs !
Aujourd’hui donc, avec le probable échec en don, je suis prête à me reprendre une autre claque en pleine tronche car -faut pas rêver non plus, hein !-, ce n’est pas en un cycle de don que ça va marcher. Ce n’est pas parce que je hurle VIVE LE DON à tout-va que ça signifie que c’est LA solution pour passer de nullipare à nulligeste (ça, je sais faire) puis surtout à maman…
Avec le don, on reprend tout à 0… C’est comme si rien ne s’était passé avant.
On reprend du début, mais avec les idées claires en plus, la stimulation et la ponction en moins. Elle est pas belle la vie ?
Alors même si nous repartons à 0, même si nos chances sont encore plus réduites qu’il y a 4 ans, je pense que je suis sur la bonne voie. Celle de la sagesse. Avec les échecs et le temps qui passe, je m’assagis.
Au programme des réjouissances de cette 11ème tentative d’AMP, la FIV-DO
21/01 : injection de Décapeptyl 3 mg en IM (à J19/J20 du cycle).
24/01 : point avec Number 4.
29/01 : début du traitement de choc pour “stimuler” l’endomètre mais aussi (pour ne pas dire surtout !!!), commencer le traitement anti-uNK (cortisone, antibio, oestrogènes…).
J’espère que le Decapeptyl (que je ne connais pas, un comble pour un dinosaure !) ne va pas retarder l’arrivée de mes règles qui elles, sont habituellement toujours très ponctuelles chez moi !
En attendant, je garde en tête cette citation d’un de mes auteurs préférés :
“la sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit”,
Oscar Wilde.
Mon rêve est GRAND. Je le poursuis. Je ne le perds pas de vue…